Avertissement, cet article a été écrit en
collaboration avec des Anciens sortis du
collège en juin 1944 et qui ne sont plus repris dans les retrouvailles décennales.
Il faut imaginer l'ambiance en mai-juin
1944 :
Nous avions 4 ans d'occupation allemande
derrière nous, et nous achevions nos études au Collège dans des conditions un
peu spéciales.
Les horaires étaient très élastiques du fait
des bombardements américains fréquents autour de la gare des Guillemins et du
pont du Val Benoît.Certains d'entre nous devaient déménager, leur maison
n'étant plus habitable, et d'autres aidaient le déménagement de parents ou
d'amis, d'autres encore étaient occupés à déblayer des maisons atteintes par
les bombes. Et enfin, en cas de
bombardement de jour, ceux d'entre nous qui étaient secouristes à la Croix
Rouge quittaient immédiatement le collège pour rejoindre leur équipe.
Et cependant…les cours continuaient. Dans mon souvenir, il n'y a pas eu d'examen
de fin d'année sauf en scientifique car nous devions présenter notre examen
d'entrée à l'Université dans la semaine du 24 juillet. Mais là, tout s'est bien passé, préparation
admirable, par un Professeur admirable, Monsieur Cuypers.
Les examens passés, la vie devenait plus
dangereuse car en principe nous devions nous présenter pour le travail
obligatoire en Allemagne. On se
camouflait le mieux possible comme employé à Espérance Longdoz, comme ouvrier
agricole dans les environs et, très souvent, dans le maquis. Certains y laissèrent leur vie, comme lors du
drame du Château de Trooz (voir l'article consacré à ce drame à˜Le village de Forêt-Trooz dans la tourmente
des deux guerres mondiales' en suivant le lien suivant : http://www.1914-1918.be/civil_trooz.php).
Finalement, la libération est arrivée en
septembre, mais les problèmes ont continué à cause des bombes volantes V1. Entre le 19 et 25 novembre, il en est tombé
en moyenne 30 par jours.
C'est à ce moment que le Gouvernement belge
a décidé de reconstituer un semblant d'armée.
Pas mal d'entre nous se sont engagés volontairement dans un bataillon de
fusiliers. Ceux-ci aidaient directement
les forces alliées en Allemagne, au point de se retrouver à Pilsen en Tchécoslovaquie ! D'autres partirent en Irlande pour former les
« BRIGADES d'Irlande » et
enfin, il était possible de rejoindre la BRIGADE
PIRON. Un de nos condisciples a même
présenté sa candidature à la RAF.
Pour ceux qui n'étaient pas à l'armée, les
cours à l'Université ont repris fin 1944, mais c'est surtout en septembre 1945
que la vie normale a repris son cours.
Il reste de tout cela le souvenir d'une
période difficile, dangereuse même. Nous
sommes devenus adultes très brusquement, en quelques semaines. Très vite, les caractères se précisaient mais
c'était un temps exaltant, nous étions LIBRES !
Henri
d'Oultremont
1ère
Sc. 1944